SOUVENIRS D\'AFRIQUE
Atterrir en Jamaïque fut un plaisir retrouvé, un retour vers cette Afrique de l\'ouest qui m\'a tant marquée. Kingston a des airs d\'une ville africaine sur fond sonore de reggae, une ville brouillonne avec ses échoppes bancales bordant les rues , avec ses trottoirs défoncés ou inexistants, avec sa circulation où les chauffeurs préfèrent le klaxonne au respect d\'un certain code de la route . Kingston comme une ville africaine est grouillante de vie. Tout commence avec ces piétons qui déambulent avec un balancement du corps et des fesses au rythme d\'une musique imaginaire certainement inscrite dans les gênes de ces hommes et femmes issus de l\'esclavage. Aucun doute, les origines sont sénégalaises, les corps sont filiformes, de vrais athlètes olympiques à la Osbun ou bien de type baoulés, petits et trapus des hommes de la forêt. Mais qu\'importe, la gestuelle, le rire farceur, les pieds qui se traînent, l\'allure nonchalante, les flashs qui me reviennent.
Le départ pour Port Antonio à 2 heures de route de Kingston se fait à la gare routière en plein cœur de La capitale, encore une ressemblance avec la gare d\'Abidjan, de Korhogo. Tout d\'abord, aucun panneau indiquant les horaires, aucun guichet d\'informations, tout se fait de manière informelle, ici aussi c\'est le système de rabatteurs qui t\'interpellent et te dirigent, et on espère !! que c\'est vers le bon car pour la bonne destination. Puis en mettant les pieds dans l\'autobus, on est pris en charge par le placeur qui te désigne une place. Une fois assis, tu attends que le bus se remplisse mais pas de façon logique un siège une place, non, on doit caser une fesse et laisser un peu de place pour la demie fesse de notre nouveau compagnon de route. Une opération rentable puisque pour un autobus de 21 places , le placeur a réussi a entasser 42 personnes! Et puis il y\'a les bagages et contrairement à chez nous où ils sont déposés dans une soute appropriée ou encore comme à l\'africaine sur le toit où les chèvres, les bassines pleines de légumes, les régimes de bananes, tout un amoncèlement en équilibre sur plusieurs étages. Rien de tel ici, pas de porte bagages sur le toit, ni soute, il faut arriver à tout caser sur les genoux, gros sacs de voyages ou sacs de plastiques aux formes biscornues, mais la chance est avec nous nous n\'avons pas eu à prendre sur nos genoux ni chèvre, ni régime de bananes.
On sent le départ! Le chauffeur monte et nous voilà parti à toute allure à coups deklaxonnes intempestifs sur une route étroite et sinueuse, le paysage défile sans y prêter vraiment d\'attention trop préoccuper à retenir nos fesses, à retenir notre souffle.
Arrivée à Port Antonio avant la nuit, je découvre une petite ville animée bordée par la mer, la brise marine est douce et mes souvenirs se confondent encore, les ressemblances sont si frappantes, des gens qui marchent le long des routes à vitesse réduite, des tas de vendeurs de tout et de rien, une animation nocturne avec fond musical non pas de zouglou mais de reggae. Mais ici, les femmes ne portent ni boubous, ni pagnes colorés, elles sont vêtues à l\'occidentale et ne portent pas sur leur tête les énormes bassines d\'eau ou de légumes. Le marché offre une variété de légumes et de fruits tropicaux, d\'épices que je reconnais, les vendeuses n\'interpellent pas, elles sont assises et assoupies et attendent le client.
Le bateau est fin prêt, une fenêtre s\'ouvre pour une bonne navigation. Nous nous apprêtons à quitter la Jamaïque, trouverai-je en Haïti ou dans d\'autres îles ou les esclaves d\'Afrique ont été débarqués ces mêmes ressemblance africain.
Marianne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire