lundi 4 février 2013

Paradoxes;Ile à Vache ,fin janvier Haiti

Paradoxes,

Après plus de 30h de navigation sans dormir et malades, la mer étant houleuse et notre pied marin encore incertain, nous finissons par arriver dans une charmante baie à l'île à vache en Haiti, une ile sans route et sans moteur. Mais tels des pirates à l'assaut d'un navire, nous voilà repérés par une dizaine de petites pirogues conduites par de jeunes adultes, des gamins et même une femme. Le bateau n'est pas encore ancré que ces jeunes nous assaillirent en nous souhaitant la bienvenue et cherchent surtout à être le plus rapide pour se présenter dans l'espoir d'être le premier à décrocher un éventuel petit boulot. Les présentations se font, des prénoms qui nous surprennent sortis de je ne sais quel calendrier Beethoven, Wildore ou dom, Doudou, Pipi , Edison ...chacun d'eux essaient de nous vanter leurs mérites. Nous, nous sommes si fatigués que notre patiente est à bout et nous devenons aussi insistants en leur priant de partir. Il est 18h, on s'entend pour faire une petite sieste qui pour finir s'avéra être une longue nuit de sommeil puisque à notre réveil, oh surprise, nous avons fait le tour du cadran. Frais et dispos nous voilà prêt à répondre à nos demandeurs de petits boulots.



Quelques mots sur cette anse qui vaut bien un arrêt photo. Du côté tribord, une longue plage de sable bordée de cocotiers, des embarcations de tout genres sont accostées et on devine le village des pêcheurs qui se cache dans une forêt de palmiers. Sur l'autre rive, une colline où sont dissimulées de jolies petites maisonnettes blanches aux volets de couleur c'est Capitaine Morgan, l'hôtel du français, un "capitainerie Morgan" pas très sympathique. À la nuit tombante, l'une des rives est éclairée outrageusement, par un groupe électrogène et l'autre est dans la noirceur totale. Paradoxe de notre siècle, il n'y a pas d'électricité dans l'ile mais tout le monde a un téléphone portable Digitel dans sa poche, une borne est même installée dans le village. Ces petits appareils servent à l'occasion pour un éclairage d'appoint juste de quoi voir ce que nous avons dans nos assiette. Nous avons pu l' expérimenter grâce à Willdore ou Dom qui a eu la tache de laver le pont, et qui gentiment, nous a proposé de venir manger chez lui, nous nous sommes régalés avec un plat créole, du riz et du poisson braisé.
Dans cette nuit noire, nous avons pu goûter à cette vie simple, où la nuit étouffe tous les bruits où les gens autour de quelques braises se transforment en ombres chinoises où le mode de vie de nos sociétés est si loin d'eux mais si dépaysantes pour nous.

Le dépaysement fut aussi totale lorsque lundi matin avant que le soleil ne soit trop ardent, accompagnés d'Edison et de , nous avons pris le chemin du village Madame Bernard, parce que le lundi c'est jour du marché mais c'est aussi là que sœur Flora a son orphelinat. Sœur Flora est un petit bout de femme joyeuse et totalement dévouée à une centaine d'enfants dont une bonne vingtaine sont paralysés. Nous passons un bon moment à écouter sa vie passionnante, parsemée de toutes sortes de difficultés particulièrement financières mais aussi de cyclones dévastateurs , de morts d'enfants par le choléra. des malheurs mais aussi du bonheur de voir un enfant paralysé marcher, de voir ses petits protégés qui grâce à sa détermination ont réussi des études.
Vous parler du marché c'est aussi vous décrire un lieu, un moment si surprenant pour un étranger blanc, habitué à l'ordre, à l'abondance . Ici les étales sont à terre et les produits proposés sont en petits tas, on y trouve un peu de tout, des légumes, du riz, des médicaments. mais ce qui est le plus surprenant se sont les étales de friperies, le surplus, le déjà consommé de nos sociétés riches, de l'anorak de ski, aux chaussures à talons des année 70. Il fait chaud, ilfait soif mais pas de buvette, nos guides nous emmènent dans un espèce de réduit comprenant 3 chaises et une grosse glacière, le propriétaire des lieux vend des shoot de rhum blanc dans une même petite bouteille que chaque client se partage.
Pour le retour, il était décidé de rentrer en bateau pays, une barque avec un mat et une barre de bambou, une voile récupérée, encore là un grand moment à écoper, partagé avec des femmes heureuses de leurs achats.



Marianne

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